Destruction for Creation - Soichiro Shimizu

L’art voyage et fait voyager…L’exposition Destruction for Creation de Soichiro Shimizu en est un parfait exemple. Elle est présentée à Spoleto (Umbria), l’artiste est japonais mais vit à Bangkok et ses oeuvres trouvent un écho incroyable dans ce Palazzo italien du début du 18ème siècle. Cette alchimie entre les époques montre à quel point l’art est universel. Happé par l’ émotion, vous allez d’émerveillement en émerveillement. L’ exposition vaut à elle seule le détour mais s’il vous faut une bonne excuse, une petite escapade en Italie au mois de mai, c’est toujours une bonne idée, n’est-ce pas?

De bonnes raisons pour une petite escapade italienne

Commençons par planter le décor: un saut de puce jusqu’à Rome pour… Faire une virée à deux, Tous les deux sur les chemins, Dans ton automobile, Tous les deux, on sera bien* 🎶, petit weekend sur place (tant qu’on y est, on en profite) puis vous lâchez la Vespa pour la Fiat 500 et, après deux heures à s’imprégner de la douceur de l’Italie, vous arrivez dans le charmant petit village de Spoleto. Ça monte, ça descend, c’est pavé, tout est de guingois, personnellement, j’adore!

Benvenuti in Italia!

Mais n’oublions pas la raison première de ce voyage: la découverte d’un artiste talentueux dans un lieu de caractère. Rendez-vous est pris au Palazzo Collicola Arti Visive pour découvrir l’exposition Destruction for Creation de Soichiro Shimizu (à voir jusqu’au 4 juin 2017).

Le Palazzo Collicola Arti Visive à Spoleto Peinture de Soichiro Shimizu
Dialogue entre art contemporain et palazzo italien Détail d'une peinture de Soichiro Shimizu

Vous vous dites surement: mais que peut-il bien y avoir de si extraordinaire au fin fond de ce petit village italien? Tout simplement un trésor (un peu) caché.
Le directeur de ce palais d’art, Gianluca Marziani, réserve l’étage noble de son musée à des artistes contemporains dont l’univers dialogue avec les peintures et meubles en place. Cet espace est un lieu de rencontres entre les arts et les époques. Comme le château de Versailles, le Palazzo Collicola Arti Visive a pris le pari de mélanger les genres et de jouer sur les codes de la muséographie. En effet, dans ces salles, les oeuvres contemporaines ne sont pas accrochées aux murs. Une manière singulière de détourner l’art et surtout la manière de le voir.

Première impression: parfaite adéquation entre Art contemporain et Palazzo italien

Dans ce musée réunissant des artistes italiens mais également internationaux comme Alexander Calder ou Sol LeWitt, est exposé, en ce moment, Soichiro Shimizu. Son travail semble avoir été créé pour le palais, ses oeuvres dialoguent avec le mobilier, les fresques, l’atmosphère des lieux. La magie opère instantanément et vous êtes transportés hors du temps dans un monde où la beauté règne en maître.

Vous allez dire que j’exagère, mais c’est exactement ce que j’ai ressenti. Je ne voulais plus partir, je passais d’une salle à l’autre, curieuse de voir ce que la prochaine pièce allait me réserver comme surprises, comme émotions, puis je revenais sur mes pas pour revoir un tableau qui m’avait particulièrement touchée. Je me suis imprégnée de tout ce Beau pour le garder en mémoire et conserver ainsi un peu de cette magie avec moi.

Bien évidemment, c’est très subjectif, une oeuvre d’art/un artiste peut enchanter ou laisser complètement de marbre, avec toutes les nuances possibles entre les deux. Les photos pourront, je l’espère, vous donner un petit indice de ce que le travail de Soichiro Shimizu peut vous évoquer.

Peinture de Soichiro Shimizu Exposition de Soichiro Shimizu à Spoleto
Exposition de Soichiro Shimizu au Palazzo Collicola Arti Visive Reflet dans un tableau de Soichiro Shimizu

Entrons dans le vif du sujet: la Nature comme source d’inspiration

L’exposition Destruction for Creation réunit deux techniques que l’artiste a expérimenté durant ces deux dernières années. Basées toutes deux sur l’accumulation de couches de peinture/bois, le travail de l’artiste s’articule autour de l’idée de déstructurer, détruire en quelque sorte cette pile de strates pour en faire jaillir la création, l’oeuvre finale. Ce n’est pas dans le « faire » mais dans le « défaire » que l’art apparait , d’où le titre de l’exposition. La création est révélée par une sorte de détérioration contrôlée par la main de l’artiste. Les différentes épaisseurs représentent le temps qui passe, un peu comme les anneaux de croissance d’un arbre qui va devoir faire face aux dégâts causés à la nature par l’être humain.
Les deux séries font appel à des notions de force électromagnétique, de vortex, mais aussi de symétrie naturelle, donc approximative et de mouvement perpétuel.

Détail d'oeuvres en bois et en peinture par Soichiro Shimizu

L’une est faite de couches de bois et de peinture à l’effet béton qui ont été creusées, gravées puis brulées à certains endroits. C’est une métaphore de la Nature. L’artiste veut montrer ici que la beauté peut ressortir des cicatrices, des altérations subies par la nature, que sa force est supérieure.

L’autre série est constituée d’un empilement de couches de peinture qui sont ensuite poncées pour révéler, selon les endroits, les différentes strates, créer de la profondeur et un certain effet marbré, souvent très coloré. La surface finale lisse et brillante n’est pas sans rappeler les laques japonaises. L’idée étant ici est de mettre en valeur l’érosion du temps et la superposition des énergies.

Vous connaissez l’artiste?

Soichiro Shimizu est originaire du Japon. La vie l’a, pendant un temps, éloigné de l’art mais la fibre artistique l’a rattrapé 😉

Il a notamment vécu et travaillé à New York pendant plusieurs années avant de s’installer à Bangkok, ville dans laquelle il crée désormais ses oeuvres et où il aime vivre. Et comme je le comprends, la capitale thaïlandaise est bouillonnante, foisonnante d’idées et de créativité. C’est une ville inspirante dans un pays aux mille merveilles (Fan de la Thaïlande, moi? Je ne vois pas du tout ce qui vous fait dire ça!).

Soichiro Shimizu a un sourire à la fois chaleureux et empreint de respect. Son éducation japonaise transparait évidemment; il y a de la retenue en lui mais son oeil est affuté et sait se loger dans les moindres détails. Il est fin observateur et laisse son énergie et ses sentiments s’exprimer dans son art. Ses oeuvres reflètent notamment son attachement à la nature en tant que force originelle.

Se nourrir de beauté et d’art, c’est bien mais…

Pour rester dans l’ambiance, prenez une chambre au Palazzo Leti. Un charmant petit hôtel très bien situé dans le village de Spoleto. Ici, le temps s’est arrêté et la déco quelque peu surannée du lieu en fait le parfait cocon de cette parenthèse enchantée.

Spoleto, Italie

Si vous avez un peu de temps, la région est superbe, le cœur vert de l’Italie (« cuor verde d’Italia », rien que ça!), on y mange très bien (comme partout dans ce divin pays, me direz-vous) et côté visites, vous ne risquez pas de vous ennuyer dans le berceau de la civilisation étrusque et de Saint François d’Assise (amateurs d’Histoire, bonjour!).

Déjà en train de faire une petite place dans votre agenda? Le sentiment d’avoir voyagé et ressenti ce petit frisson d’émotion à la vue des oeuvres d’art?
J’espère, en tout cas, que l’évasion était au rendez-vous. N’hésitez pas à
partager et à mettre un petit mot, j’en serais ravie et l’artiste aussi 😉

* vous aurez peut-être reconnu les paroles de « Voyage en Italie » de Lilicub (pour vous mettre dans l’ambiance, cliquez sur le lien dans le texte)

Destruction for Creation par Soichiro Shimizu


Exposition Destruction for Creation de Soichiro Shimizu jusqu’au 4 juin 2017


Palazzo Collicola Arti Visive
Piazza Collicola, 1
06049 Spoleto PG, Italie
Fermé le mardi

 


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